En France, le prochain "livre blanc" sur la politique et les activités de défense devrait accorder une importance particulière à la maîtrise des enjeux de la mer. Il est pertinent d'observer comment la deuxième puissance maritime aborde l'avenir. On consultera donc avec intérêt ce rapport parlementaire :
Maritimisation : la France face à la nouvelle géopolitique des océans
Rapport d'information n° 674 (2011-2012) de MM. Jeanny LORGEOUX et André TRILLARD, fait au nom de la commission des affaires étrangères et de la défense (Sénat), déposé le 17 juillet 2012
Ce texte privilégie une analyse stratégique et géopolitique des enjeux de la mer. Ce n'est certes pas le seul axe de réflexion utile à la définition des politiques publiques. On y constate que la pêche n'est plus considérée comme un élément d'une stratégie globale. Il fut une époque où l'exploitation du guano et la pêche de la baleine représentaient des enjeux de puissance. Néanmoins,.la pêche est toujours encore une ressource importante pour de nombreux pays et le maintien de cette activité dans la durée, la préservation de cette ressource renouvelable pour les générations futures, constitue bien un enjeu national essentiel. Si le rapport met l'accent sur le développement et les changemements qui concernent les grandes routes reliant les grands ports qui assurent la continuité avec le transport ferroviaire, fluvial et routier, de nombreux pays côtiers sont marginalisés dans cette dynamique de concentration du commerce international. Bien entendu l'exploitation des ressources minérales de la mer devrait relancer une compétition dont de nombreux Etats resteront certainement exclus.
Le XXème a été marqué par un changement fondamental du rapport de l'homme à la mer. La perception de la mer en tant qu'espace vu de la terre ou du bastingage s'est enrichie de la découverte de la mer en tant que milieu. Après l'invention du scaphandre autonome et avec la Convention de Genève de 1958 la notion de plateau continental a fait surface dans un un droit de la mer patiné par les usages imémoriaux. Ce développement sous-marin du droit de la mer et cette approche en trois dimensions se sont renforcés avec le prolongement du plateau continental au delà de 200 milles marins et la mise en place d'un régime international des grands fonds marins qui s'apparente à une collectivisation des ressources économiques (Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1981). Aujourd'hui, les progrès technololoques et la raréfaction des ressources minérales, hydrocarbures et métaux, ouvrent la perspective rapprochée de l'exploitation du sol sous-marin dans les grandes profondeurs. La crise actuelle des terres rares ne peut qu'accélérer le passage à l'acte. Il reste à vérifier si les mécanismes mis en place par la Convention de 1981 joueront leur rôle de régulation dans la compétition des intérêts nationaux, si le principe de l'affectation des ressources à l'humanité entière ne sera pas vidé de son contenu et si l'exploitation ne prendra pas le pas sur la protection des déserts sous-marins et de leurs oasis.