La population civile n’est pas la seule victime des violences perpétrées depuis plusieurs semaines au Mali. La richesse de son patrimoine historique également, comme le craignait déjà l’UNESCO au début des évènements qui ont sévit dans le pays (v. « La Directrice générale de l’UNESCO s’inquiète de la situation au Mali », site de l’UNESCO). C’est pourquoi le Comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO, à l’occasion de sa dernière réunion (la 36ème session), a inscrit certains de ses monuments sur la Liste du Patrimoine mondial en péril de l’UNESCO. Font ainsi désormais partie de la liste Tombouctou et le Tombeau des Askia (respectivement inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en 1988 et 2004). Cette inscription vise à attirer l’attention et favoriser la coopération des États membres en faveur de la protection de ces sites, menacés par les conflits armés qui touchent le pays. Les rebelles islamistes, qui restent sourds aux appels à cesser les dégradations (v. « La Directrice générale de l’UNESCO appelle à mettre un terme aux destructions du patrimoine culturel de Tombouctou », site de l’UNESCO), ont en effet déjà procédé à la destruction de nombreux sites historiques d’importance à Tombouctou, notamment des tombes sacrées. Si l’envoi d’une mission en mai visant à assurer la préservation du patrimoine malien a été salué par le Comité, tout comme les efforts du Mali en la faveur de cet objectif, cela n’aura pas permis d’endiguer une situation qui s’est depuis considérablement aggravée. Le Comité a, en sus et en réaction à ces dégradations qu’il a condamnées, adopté une décision (non encore disponible) visant à créer un « fonds spécial pour aider le Mali à la conservation de son patrimoine culturel ». Ce fonds devrait être alimenté par l’aide des États membres de l’UNESCO, de l’Organisation islamique internationale pour l’éducation, la culture et la science (ISESCO) et de l’Organisation de la coopération islamique (OIC) ; c’est en tout cas à eux que fait appel le Comité dans sa décision. Afin d’évaluer les dégâts, le Comité a demandé l’envoi d’une mission au Mali, qui devra également définir les mesures et besoins urgents nécessaires à la protection et la conservation des sites encore épargnés. Le Mali reste cependant le premier appelé à agir pour protéger son patrimoine, notamment en s’assurant de tout mettre en œuvre pour prévenir et réprimer l’éventuel trafic d’œuvres culturelles qui pourrait découler de ces destructions. La communauté internationale se doit d’agir rapidement : les rebelles n’attendent pas, les destructions se multiplient, les craintes augmentent.
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Interventions lors de la 36ème session : « Point sur les biens du patrimoine mondial au Mali »