Sept mois après l’attribution à la Palestine du statut de membre à l’UNESCO (v. note Sentinelle « La Palestine, 195ème membre de l’UNESCO », Anne Claire Dumouchel), celle-ci a formulé sa première demande de protection d’un site, par le biais de la procédure d’urgence, demande qui a favorablement abouti lors du dernier examen par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 36ème session (à 13 voix contre 6, deux abstentions).
Deux sites importants ont donc été classés : la route du pèlerinage et, surtout, l’Église de Bethléem, ou Basilique de la Nativité, lieu de naissance de Jésus pour les Chrétiens. Ils sont désormais inscrits sur deux listes de l’UNESCO : la Liste du patrimoine mondial et la Liste du patrimoine mondial en péril.
Les Palestiniens réussissent alors à faire reconnaître un classement qui avait une première fois été rejeté lorsqu’en 2011 la demande de la Palestine concernant l’Église n’avait pu aboutir au regard du statut de membre observateur qu’elle détenait alors. Un membre observateur ne peut en effet, de par les droits qui lui sont accordés, effectuer de demandes d’inscription de sites sur les listes de l’UNESCO.
Mais le choix de ce site n’est pas anodin au regard de la situation avec Israël : la demande palestinienne a en effet soulevé la colère de Tel-Aviv, au motif que l’Église se trouve dans les territoires palestiniens occupés. Cette situation conflictuelle explique l’inscription des sites sur la Liste du patrimoine mondial en péril : cette classification a en effet pour but d’ « informer la communauté internationale des conditions menaçant les caractéristiques mêmes qui ont permis l’inscription d’un bien [sur la liste] et pour encourager des mesures correctives » (source : site de l’UNESCO).
Cependant, cette première inscription d’un site palestinien et d’un pays non reconnu à l’ONU, divise. Si l’autorité palestinienne s’en félicite, et inscrit ici une nouvelle « victoire » dans son combat pour la reconnaissance internationale, les avis extérieurs sont plus partagés. Israël nie tout d’abord les allégations palestiniennes selon lesquelles l’occupation mettrait gravement en danger les sites, arguant leur profanation passée par des terroristes palestiniens (référence à l’opération Rempart de 2002 et alors cependant que ces derniers auraient simplement trouvé refuge dans le monument). Suivi par les États-Unis, Israël dénonce la décision politique et non pas culturelle de l’UNESCO. Il convient cependant de relever l’article 11 c) de la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel : « L'inscription d'un bien sur la liste du patrimoine mondial ne peut se faire qu'avec le consentement de l'État intéressé. L'inscription d'un bien situé sur un territoire faisant l'objet de revendication de souveraineté ou de juridiction de la part de plusieurs États ne préjuge en rien les droits des parties au différend ». Malgré tout, cette décision risque de constituer une pierre de plus à l’édifice de l’opposition Israël / Palestine…
Documents :
Images de l’Eglise, diaporama du Monde
Interventions concernant la demande palestinienne
Liste des nouveaux bien inscrits en 2012
Page sur la 36ème session du Comité du patrimoine mondial
Admission de la Palestine, et après ?, Philippe Weckel
La Palestine, 195ème membre de l’UNESCO, Anne Claire Dumouchel
Palestine : processus d’adhésion à l’UNESCO, Anne Claire Dumouchel