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Soumis par Mbungo Rolince le 22 January 2012

 Le fonctionnement des missions de maintien de la paix de l'UA a retenu l’attention du conseil de sécurité de l'ONU. Ce dernier s'est réuni le 11 janvier 2012 pour examiner l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (CS/10515) et le « concept stratégique pour les futures opérations de la Mission de l’Union africaine en Somalie »  (CS/10516).

            I - La MINUAD

Lors de la réunion d'information du CS sur l'Opération hybride UA-ONU au Darfour (MINUAD), le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a fait le point sur l'état de la mise en œuvre du Document de Doha pour la paix au Darfour (DDPD).

            La situation actuelle :

            Sur le plan politique, les parties ont progressé dans le partage du pouvoir et les dispositions sécuritaires du Document de Doha pour la paix au Darfour. Le Président du Soudan avait émis un décret nommant le Secrétaire général du Mouvement pour la libération et la justice (LJM) au poste de Ministre d’État de la santé.  Le 27 décembre, trois décrets présidentiels ont été émis sur l’abrogation de l’Autorité régionale de transition pour le Darfour et l’établissement de l’Autorité régionale du Darfour (ARD), organe principal de mise en œuvre du Document de Doha. Il a émis trois décrets nommant de nouveaux gouverneurs dans les États du Darfour, y compris pour les deux États nouvellement créés. Les nouveaux Walis sont membres du NCP, à l’exception du Wali de l’Ouest-Darfour qui est Vice-Président du LJM.  Par ailleurs, le 10 janvier, le Ministre de la justice a nommé M. Ahmed Abdel Ahmed au poste de Procureur du Tribunal spécial pour le Darfour. Le LJM a partagé sa liste de personnel pour les groupes des postes d’observation et les équipes chargées de la vérification des forces. Inquiétudes: Le CS fait part de son inquiétude face à l'impasse des pourparlers sur la mise en œuvre du document de Doha pour la paix au Darfour. La fenêtre de trois mois offerte par le Gouvernement aux parties susceptibles de vouloir signer le Document de Doha avait expiré en octobre sans une avancée vers une nouvelle signature.

            Situation sécuritaire au Darfour : l'on déplore le banditisme, la criminalité et la violence sexuelle et sexiste. Il y a augmentation ces dernières semaines du nombre d’accrochages entre les forces du Gouvernement et les autres forces rebelles. Il s'en suit une hausse des restrictions à la liberté de mouvement imposées à la MINUAD par le Gouvernement soudanais.

            Situation humanitaire : il faut saluer le fait que chaque mois, environ 1 500 personnes retournent volontairement chez elles. Mais ici aussi l'on regrette des restrictions à la liberté de mouvement de la MINUAD.

            Mesures à prendre :

            Il est nécessaire d'amener les non-signataires à la table des négociations. Néanmoins il ne faudrait pas ignorer que les mesures initiales adoptées par les parties signataires à la mise en œuvre du document de Doha constituent une source d'optimisme. Les parties devraient être appuyées par le CS et la communauté internationale, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des dispositifs susceptibles d’améliorer de façon tangible la vie des Darfouris. Il faut préciser que la situation au Darfour n'est pas isolée des autres défis auxquels font face les deux soudans. Les défis régionaux devraient être examinés de manière globale par la communauté internationale. Cette phase de débat constitue certainement une phase de mise en œuvre non négligeable, le représentant du Soudan y voit d'ailleurs “une des évolutions positives remarquables de ces derniers mois”.      

            Le Secrétaire général développe, avec la collaboration de l’Union africaine, une feuille de route pour la paix au Darfour articulée autour de trois axes : soutien à l’exécution du Document de Doha, engagement continu avec le gouvernement et les mouvements non signataires et soutien au dialogue interne au Darfour.

            Quelques jours après cette réunion du CS, une réunion internationale a eu lieu (le 16 janvier) à El Fasher, présidée par Ahmed Bin Abdullah Al Mahmoud, Vice-Premier Ministre et Ministre d'Etat aux Affaires du Cabinet de l'Etat du Qatar, et la Chine, l'Egypte, la France, le Japon, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l'Union Africaine, l'Union Européenne, la Ligue Arabe, l'Organisation de la coopération islamique, et l'ex- Médiateur en chef conjoint de l'AU-ONU pour Darfour, Djibril Bassolé. La Commission a délibéré sur les rapports présentés. Elle a réitéré son soutien pour le DDPD et pour la mise en œuvre en temps opportun de ses provisions, souligné la nécessité d'un engagement continu et l'implication des Darfouris dans la mise en œuvre du DDPD et le processus de paix. Elle a pris note des nominations aux hauts postes et a exhorté les parties à fournir tout le personnel requis et le financement pour leur fonctionnement harmonieux et efficace. La DRA devrait mettre en place des institutions efficaces et transparentes, sans délai. Le gouvernement Soudanais devrait établir le retour volontaire et la commission de la réinstallation et sur la DRA pour la rendre opérationnel dès que possible. De profondes préoccupations existent au sujet de la rhétorique belliqueuse des mouvements non-signataires et leur appel au renversement violent du gouvernement. Les non-signataires doivent s'engager à un règlement négocié avec le gouvernement du Soudan sur la base du DDPD. D'importantes mesures sont prises: établissement de la commission des droits de l'homme et le tribunal spécial pour Darfour, la nomination du procureur spécial pour Darfour. L'on espère une nomination rapide d'observateurs internes. L'on s'accorde sur la nécessité d'un soutien international pour le DDPD. La prochaine réunion de la Commission de suivi de la mise en œuvre aura lieu en avril 2012.

            II - L'AMISOM

            Les forces de L'AMISOM et celles du Gouvernement fédéral de transition (GFT) ont enregistré des progrès significatifs: la quasi-totalité de Mogadiscio est sous contrôle du GFT, les opérations militaires dans les autres parties du pays ont affaibli encore plus les extrémistes Al-Chabaab et les autres éléments opposés à la paix.

            L'AMISOM a d'importants défis militaires à relever, mais aussi des défis politiques, tels la finalisation de la constitution, les élections législatives, l’extension du contrôle du Gouvernement sur les zones du sud de la Somalie, l’amélioration de la gouvernance et de la transparence, la création d’une fonction civile opérationnelle, et la relance de l’économie et des services sociaux. Il faut aussi noter  la crise parlementaire actuelle, la nécessité de combattre les ennemis du processus de paix. Les milices Al-Chabaab constituent toujours une menace à la sécurité. L'on peut se réjouir que le concept stratégique pour les futures opérations de l’AMISOM, développé en consultation avec les autorités somaliennes, les pays contributeurs de troupes, les Nations Unies et les autres partenaires à Addis-Abeba, Nairobi et Mogadiscio, ait été approuvé par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, le 5 janvier dernier. Ce concept adopté le 5 janvier dernier vise l'augmentation des effectifs de l'AMISOM, de 12 000 hommes à 17 731, dont 5 700 provenant du contingent djiboutien et kényan; le déploiement par le Burundi et l’Ouganda de contingents supplémentaires; l’intégration de contingents de l’AMISOM dans les zones libérées; l’extension de la zone relevant de la responsabilité de l’AMISOM; la fourniture des moyens de mise en œuvre et des multiplicateurs de force requis; et l’amélioration des conditions de sécurité pour le Gouvernement fédéral de transition et les forces alliées.

            Le 11 janvier 2012, le CS a examiné ce concept stratégique pour les futures opérations de la mission de l'union africaine en Somalie (AMISOM) à lui présenté par le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union Africaine, M. Ramtane Lamamra. (Voir http://www.un.org/News/fr-press/docs/2012/CS10516.doc.htm ). Le concept stratégique a été appuyé par la majorité des 20 orateurs. Mais le CS n'a pas pris de décision, car de l'avis du secrétaire général adjoint aux affaires politiques, des questions restent encore à préciser, notamment les liens entre les stratégies politique et militaire; les arrangements liés au commandement et au contrôle; l’allocation des contingents par secteur; la série de mesures pour les moyens de mise en œuvre et les multiplicateurs de force; et la qualité de l’appui requis pour le Gouvernement fédéral de transition (GFT) et les forces alliées. Selon les représentants des Etats Unis et de la France, il faudrait revoir l'utilité opérationnelle,  les multiplicateurs de force et les équipements de soutien. En ce qui concerne  la structure de commandement et de contrôle de la prochaine AMISOM,  le Ministre de la défense de l’Ouganda a apporté une précision: les 2 700 troupes supplémentaires de son pays et du Burundi ne seront pas stationnées à Mogadiscio et leur déploiement se fera en fonction des zones libérées par les opérations du Kenya et de l’Éthiopie.

            Selon le secrétaire général adjoint, pour l'avenir, après la finalisation de la constitution d’ici au 20 avril, il faudra aller aux élections législatives pour un Parlement passant de 550 à 225 membres ; étendre le contrôle du Gouvernement sur les zones du sud de la Somalie ; améliorer la gouvernance et la transparence ; et créer une fonction civile opérationnelle.  Il faudra ensuite augmenter l’efficacité des Forces de sécurité du GFT et enfin relancer l’économie et les services sociaux. Il est utile d'avoir les moyens pratiques pour aider le Gouvernement à devenir plus uni et plus inclusif, à renforcer sa capacité à faire face aux défis en matière de sécurité, à mener la reconstruction et le développement et à générer des revenus.  Les Somaliens devraient avoir un secteur national de sécurité et ce, quelle que soit la structure de l’État qui sera définie par la constitution. Ce qui exige un investissement et un engagement de la communauté internationale, souligne le secrétaire général adjoint. 

            La conférence de Londres sur la Somalie prévue en février prochain sera une autre étape importante qui permettra d'identifier les domaines prioritaires et assurer le renforcement de la lutte contre la piraterie.

Bulletin numéro 290