Le 30 janvier 2012, le Groupe de haut niveau sur l’éco-viabilité mondiale a remis au Secrétaire Général des Nations unies son rapport sur le développement durable ou « l’écoviabilité ». Intitulé « Resilient People, Resilient Planet: A Future Worth Choosing » (Personnes résilientes, planète résiliente: un avenir qui mérite d’être choisi), ce rapport propose des recommandations aux gouvernements, aux organisations internationales et aux responsables des décisions économiques et politiques mondiales afin de mettre en œuvre les objectifs et les principes du développement durable.
1. Le Groupe de haut niveau sur l’écoviabilité mondiale
Créé par le Secrétaire Général des Nations unies en août 2010, ce groupe était chargé de réfléchir et de formuler une nouvelle vision de la croissance durable et de la prospérité mondiale, ainsi que de proposer des mécanismes pour y parvenir, en travaillant dans la préparation de la Conférence Rio+20 sur le développement durable devant se réaliser en juin 2012.
Le travail du Groupe de haut niveau est la continuation des efforts entrepris par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, qui a émis en 1987 le « Rapport Brundtland » ou « Our common future » (Notre avenir à tous), célèbre pour prévoir le concept du développement durable : « Un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs ».
Le Groupe de haut niveau est de caractère interdisciplinaire. Il est composé de 22 membres, parmi lesquels on compte des chefs d’Etat, des ministres en exercice et anciens et des représentants du secteur privé et de la société civile. Il est co-présidé par la Présidente de Finlande, Mme Tarja Halonen, et le Président de l’Afrique du Sud, M. Jacob Zuma. D’autres personnalités, comme Mme Gro Harlem Brundtland, ancienne Première Ministre de Norvège et Présidente de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, ainsi que Connie Hedegaard, membre de la Commission européenne chargée de l’action pour le climat, font aussi partie du Groupe de haut niveau.
2. Le contenu du rapport
Le rapport fait d’abord un bilan des problèmes pratiques rencontrés lors de la réalisation du développement durable et prévoit 56 recommandations et des initiatives adressées aux responsables politiques afin de le mettre en œuvre.
Selon le rapport, le développement durable a eu deux difficultés dans sa réalisation. D’un côté, le manque de volonté politique, constaté dans le peu d’initiatives des politiciens et des institutions pour le mettre en œuvre, guidés par une vision de « court terme ». Le rapport du Groupe de haut niveau propose, en revanche, une vision de « long terme » en arguant qu’il est nécessaire de s’attaquer à la lutte pour éradiquer la pauvreté, réduire l’inégalité et réussir à une croissance inclusive et à une production et consommation plus durables, accompagnées de la lutte contre le changement climatique et le respect de toutes les frontières planétaires.
D’un autre côté, le concept de développement durable n’a pas été incorporé dans le débat national et international sur la politique économique. Le Groupe de haut niveau propose alors qu’il est vital d’intégrer les préoccupations environnementales et sociales dans les décisions économiques afin d’arriver à l’accomplissement des objectifs du développement.
Basé sur ce constat, le Groupe propose 56 recommandations divisées dans trois parties. Dans la première, le Groupe propose des « Recommandations pour permettre aux personnes de faire des choix durables », en arguant que les gouvernements devraient établir dans leurs priorités l’éradication de la pauvreté, la réduction des inégalités, le respect des droits de l’homme, l’égalité des genres et la réalisation des droits des femmes, l’établissement des fonds pour l’éducation, l’adoption des politiques de travail écologiques, des schémas d’administration responsable des ressources d’eau et des écosystèmes marins et la promotion des technologies orientées au développement durable, ainsi que l’accès de tous les citoyens à ces progrès technologiques.
Deuxièmement, le rapport prévoit des « Recommandations pour une économie durable ». Dans cette partie, le Groupe de haut niveau propose que les gouvernements devraient développer des standards de production et d’extraction des ressources visant à arriver à une économie durable mondiale. De même, les hommes d’affaires devraient chercher à ce que leurs pratiques commerciales soient conformes aux principes universels concernant les droits de l’homme, le travail, la durabilité environnementale et la lutte contra la corruption, tout en permettant à tous les citoyens l’accès au capital et à une nouvelle économie durable.
Dans la dernière partie, le rapport prévoit des « Recommandations pour renforcer la gouvernance institutionnelle ». Le groupe propose ainsi que les gouvernements respectent la loi, permettent l’accès des citoyens à l’information officielle et à la justice et promeuvent la participation publique dans le processus de prise des décisions. Ces mécanismes devraient inclure une majeure participation des jeunes, la proposition de la perspective du développement durable dans la législation et le budget, le renforcement du dialogue entre la science et la politique, la consolidation du Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE), la création d’un conseil de développement durable mondial par les Etats et l’appui à l’initiative « Energie durable pour tous », proposée par le Secrétaire Général de l’ONU.
3. Les perspectives du rapport
Malgré le manque de force obligatoire du rapport, il constitue une étape essentielle dans la préparation de la Conférence des Nations unies sur le développement durable, qui se réalisera au Brésil en juin 2012. Ses recommandations seront certainement prises en compte dans la discussion des problèmes et dans la proposition des stratégies à adopter.
Cette conférence se concentrera principalement sur deux sujets : « l’économie verte dans un contexte de développement durable et l’éradication de la pauvreté » et « le cadre institutionnel pour le développement durable ». Elle comptera sur la participation de nombreux chefs d’Etat et d’autres représentants de la société et a pour but de parvenir à un engagement politique sur le développement durable, surmonter les obstacles que sa mise en œuvre a trouvé dans la pratique et s’attaquer aux nouveaux défis de l’avenir, dans un contexte de crise économique et d’épuisement des ressources naturelles.